Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Samuel Riscagli ex-entraîneur du DFCO féminin : ENTRETIEN VERITE SUR LE FOOTBALL FEMININ

Publié le par A.S

Samuel Riscagli ex entraîneur du DFCO Féminin

A.S: Quel regard portes-tu sur l'évolution du foot féminin ces dernières années?

S.R: "Le football féminin à énormément évolué notamment au cours de ces cinq dernières années. "Le foot des filles" se démocratise et commence à rentrer dans les mœurs des familles françaises. Cette féminisation de notre discipline apporte un sentiment nouveau sur notre pratique, c'est le coté moderne dont le foot avait besoin. Cela n'est pas toujours évident dans les pays latins tel que le nôtre."

A.S: De plus en plus de club pro crée une section professionnel, comment l'expliques-tu?

S.R: "En effet, de plus en plus de club pros se lancent dans la création d'une section féminine, souvent pour de mauvaises raisons. La première pour répondre à des obligations administratives afin de ne pas être pénalisé, la seconde n'est que communication. Heureusement, quelques clubs travaillent activement et réellement au développement du foot féminin!"

A.S: "Quels solutions possibles pour réduire l'écart en D1 entre les gros et les plus petites équipes?"

S.R: "Réduire l’écart entre les grosses écuries de D1 et les autres clubs, passe par plus de moyens, notamment au niveau de la répartition des droits tv et de la dotation financière de la coupe de France. En effet, nous avons atteint avec mon club du Dijon FCO par deux fois, un quart de finale et une demi finale de coupe ces dernières années "sans le moindre sous". Absolument pas envisageable chez les garçons! IL faut aussi limiter le nombre de joueuses étrangères dans le championnat, favoriser et récompenser les clubs qui forment!"

A.S: "On parle beaucoup moins de la D2 et pourtant c'est un championnat qui ne cesse de se développer, peux-tu nous en parler?"

S.R: "Le championnat de D2 est en constant progrès, la réforme a été nécessaire même si trop brutale sur une année, pour exister dans ce championnat il faut faire preuve de beaucoup d'idées et être capable d'attirer les joueuses grâce au double projet étude et ou apprentissage d'un métier et football. Un club de D2 n'a pas vocation à faire du foot professionnel mais à professionnaliser les filles grâce au foot et à des cursus adaptés. Qu'ils soient scolaires, universitaires ou en apprentissage, ils permettent aux joueuses de rentrer dans la vie active tout en menant leur vie de sportive."

A.S: "Comment expliquez encore une fois l'échec de l'Equipe de France féminine?"

S.R: "L’échec de l'équipe de France en dehors du choix du sélectionneur fait au détour d'une soirée du variété club de France peut s'expliquer de plusieurs manières:

Le premier est la formation de la joueuse, dans de nombreux clubs l'éducateur dont on ne veut pas se retrouve souvent à l'école de foot ou avec les filles...Si l'on veut de meilleures joueuses, il faut de meilleures entraînements, donc de meilleures éducateurs! Cela passe par la formation des éducateurs et par la considération de l'apprentissage de la jeune joueuse. La création de l'école de foot au féminin est très intéressante pour inviter les plus jeunes à pratiquer le football, mais il faut aussi permettre aux meilleures de pouvoir s’entraîner dans la mixité! Il faut revoir aussi l'organisation des pôles espoirs féminins. Avec la refonte des régions, il me semble opportun d'ouvrir un centre dans chacune des 13 régions. Les clubs de D1 et D2 disposent tous d'une équipe U19 nationale, il faut donc accueillir désormais les filles dans le temps du collège au sein des pôles! Les équipes de France jeunes sont essentiellement constituées de joueuses issues des pôles espoirs alors qu'il y a dans les clubs de nombreuses joueuses pouvant évoluer au plus haut niveau et que dire des sélections universitaires et B? Repenser le mode de sélection est indispensable! Je n'ai en cinq ans jamais croisé, vu ou aperçu le moindre sélectionneur ou membre du staff sur le bord des terrains...

Enfin, il me semble plus qu'important de limiter le nombre de joueuses étrangères en D1 et D2, de faire la promotion de la formation française en y joignant de la compétence et non de la complaisance. Il en va bien évidemment de la bonne santé de l'équipe de France! Nous n'avons pas le droit de rater le virage de La coupe du monde 2019 en France."

A.S: "Pourquoi ne fait-on pas confiance à un coach qui à l'expérience de la D1 et de la coupe d'Europe?"

S.R: "L'obligation de choisir un sélectionneur qui connait le football féminin et le haut niveau est primordiale. Il en est de même pour le staff! Cependant, Bergeroo avait le profil mais ses choix ont déplu...N'en déplaise à certains(es) le meilleur profil à ce jour est celui de Gerard Prêcheur. Bref je ne viens pas ici faire de la politique!"

A.S: "Comment juges-tu la formation française dans le foot féminin?"

S.R: La formation dans les clubs progresse mais il est nécessaire d'aller plus plus loin encore dans les normes d'encadrement . On ne peut concevoir un projet de formation dans les clubs pour nos joueuses en ignorant de former ses propres cadres! Cependant, la formation des éducateurs et des entraîneurs ne garantie pas la compétence! Les clubs doivent s’enquérir absolument de la capacité des cadres à faire progresser les filles et à s’insérer dans un projet global de club! Comme évoqué plus en amont, il faut reconsidérer la place des éducateurs auprès des filles et de l'importance accordée à l'école de foot ,"stop au par défaut". Idem sur la position des pôles espoirs en accueillant les filles dans le temps du collège en  leur assurant une préformation de qualité! Favoriser les sections sportives scolaires dans les clubs dès l'entrée en sixième et ce jusqu'en terminale est indispensable. Il me semble par ailleurs important de scolariser et d'accueillir les filles au sein de structures mixtes. Il en va de l'ouverture d'esprit de tous."

A.S: "Comment les clubs amateurs qui font partis intégrante de la D1 voire de la D2 peuvent-ils continuer à exister sur le long terme?"

S.R: "Les clubs amateurs de D1 et D2 ont encore de beaux jours devant eux, très peu de structures rattachées aux clubs pros disposent réellement de véritables moyens financiers, les filles bénéficient certes des installations et de quelques autres avantages matériels ou structurels des clubs mais les budgets sont limités! Si les clubs pros, allouaient simplement 1% de leur budget aux filles alors oui il y aurait un véritable déséquilibre. Combien de club vivent avec un budget global inférieur à 200 000€ ? Et nous parlons bien de club de l'élite...Ce n'est même pas le budget d'un club de DH chez les garçons! Les filles sont bien trop souvent des artifices modernes et sexy de communication de nos fameux clubs pros."

A.S: "Peux-tu nous parler de tes nouvelles fonctions?"

S.R: "J'ai intégré l'institut régional de formation du football de Bourgogne et Franche Comté depuis septembre 2016. Centre de formation qui dépend directement de l'IFF Clairefontaine. J'ai en charge la formation continue des futurs éducateurs et des entraîneurs  qui passent le BMF et le BEF avec nous au CREPS de Dijon. Je dois également intégrer une sélection européenne en course pour la qualification à la coupe du monde 2018 en Russie, en tant qu'adjoint."

 

 

A.S,

 

Commenter cet article